Sous le nom de Villagers se cache un irlandais, Conor O’Brien, originaire de Dublin. Méconnu en France, ce génie de folk music expérimentale a pourtant croisé la route de Neil Young en faisant ses premières parties, et celle de Charlotte Gainsbourg avec qui il a collaboré sur la chanson « Memoir ». Pour ma part j’ai eu le grand plaisir de le découvrir en ouverture de Lou Doillon et Woodkid au Printemps de Bourges 2013. Voici sa sélection de dix chansons qui reflète bien ce qu’il dégage dans ses albums et sur scène.
Il y a des moments rares dans ma courte carrière d’intervieweuse, celui ci en sera un.
La playlist VIP :
- « Poor Napoleon » – Elvis Costello : Un de mes artiste favori. C’est sur mon album favori. J’aurais pu choisir toutes les chansons de cet album. Mais j’ai écouté cette chanson il y a peu de temps. Et je me suis rappelé de la première fois où je l’ai entendue. J’avais 16 ou 17ans. Et elle m’a fait penser que c’était possible de faire une chanson avec des instruments traditionnels. Ils font des choses abstraites. Comme les voix derrière d’une manière très intéressante. Et avec cette voix humaine effrayante qui transpire dans le chanson. C’est juste incroyable.
- « Living Without You » – Randy Newman : C’est tellement bon. C’est très émouvant. Très direct mais d’une belle manière. Pour moi, c’est le parfait mélange entre quelqu’un qui dit avec ses mots ce qu’il ressent et en arrière plan des mélodies un peu ennuyantes avec des cordes. L’arrangement m’ennuie. Je préfère l’écouter au piano. Car ça montre juste ce qu’est la chanson et sa profondeur.
- « It’s Alright Mama » – Bob Dylan : Elle est évidente. Mais je ne peux pas l’ignorer. Car c’est une chanson tellement énorme. C’est un exemple classique d’écriture. Tu peux juste dire ce que tu ressens et ce qu’on retient. Tout le monde peut s’identifier à l’histoire de cette chanson.
- « How To Disappear Completely » – Radiohead : C’était mon groupe favori en grandissant. J’ai été à un de leur concert à Dublin. J’étais derrière 38000 personnes. Je ne l’ai jamais oublié. Cette chanson est arrivée 3 ans après ce concert. Mais elle me parlait de la mauvaise expérience de ce concert. Il a eu un mauvais feeling en se retrouvant devant tout ce monde. Et je me souviens d’avoir écouté ça en allant à l’école. Et je me disais, mais qu’est ce que c’est que ça. C’est un super moment. Et « Kid A » est un album incroyable.
- « Shipbuilding » – Elvis Costello & Clive Langer : Clive Langer avait écrit cette musique pour Robert White. Mais il n’a pas aimé le texte qui a été choisi. Et Elvis Costello a écrit de nouvelles paroles. Et ils l’ont enregistré pour son album. Je me souviens à 16 ans d’avoir fait ma version. Quelque chose dans les guitares m’a vraiment ému. Chet Baker joue aussi sur ce morceau. Ce qui est hallucinant. Les paroles sont très étranges et géniales. Elvis Costello a dit que c’était les meilleures paroles qu’il ai jamais écrites. Je crois qu’il a raison.
- « On Raglan Road » – Patrick Kavanagh : C’est un poème converti en chanson. J’écoutais Patrick Kavanagh quand j’ai écris mon album. Un très bon ami à moi chantait toujours cette chanson. Et plus je l’ai entendue plus je l’ai aimée. Je commence à la chanter. C’est une si belle chanson. C’est mis en musique par Luke Kelly, un vieu chanteur irlandais. C’est très beau, très triste, très mélancolique. Et j’aime la mélancolie. Une chanson très puissante.
- « Frankly, Mr. Shankly » – The Smiths : C’est la première chanson qui m’a fait aller vers les Smiths. Je pense toujours que « The queen is dead » est son meilleur album. Je l’écoute encore beaucoup. C’est la deuxième chanson de l’album. Et j’aime le fait que ce soit la seconde. Car il y a beaucoup de chansons. Beaucoup de personnes pensent que c’est morose, triste et dépressif. Mais moi je pense que c’est amusant, plein d’humour, on voit le soleil briller à travers. Particulièrement dans cette chanson. Ce que j’aime dans cette chanson, c’est que c’est à propos de la possibilité de quelqu’un à perdre son travail et de dire à son patron qu’il s’en fout. Quand il dit « Give us money » c’est tellement amusant. Il critique tout le monde.
- « The Chelsea Hotel Oral Sex Song » – Jeffrey Lewis : Je me souviens d’avoir vu Jeffrey Lewis au Sandies show à Dublin. Et je ne savais pas qui il était. A la fin de l’émission je pensais juste que c’était un génie. Je devais avoir 18 ans. Le lendemain je suis allé acheter l’album. Et le vendeur m’a dit que je devais être le 30 ou 40 ème à venir juste après cette émission. Cette chanson est très marrante et très émouvante. Elle passe par toutes les émotions. Elle est assez longue. Il raconte qu’il habitait à New York et il passait devant le Chelsea Hotel. Il draguait une fille qui était avec deux hommes qu’il pensait gay. Et à la fin de la nuit ils vont dans un pub. Mais il était trop timide pour lui demander d’aller au Chelsea Hotel. Il est parti. Et le reste de la chanson il se lamente. C’est super beau. C’est un génie.
- « Mississippi Goddam (medgar evers) » – Nina Simone : C’est basé sur l’assassinat d’un noir à l’Université de Mississipi. Nina Simone était tellement énervé par cette histoire et ce qui passait dans le Tennessee et le sud des Etats Unis, qu’elle a écrit cette chanson. C’est la chanson la plus en colère jamais écrite. ça swingue. La façon dont elle dit les mots. C’est incroyable.
- « Dinner At Eight » – Rufus Wainwright : Rufus Wainwright était un bon professeur pour moi quand j’ai commencé à écrire des chansons. Personne d’autre n’avait une vision aussi large sur une chanson. Pas seulement en terme d’orchestration, mais aussi par ses textes. Cette chanson est une chanson graphique. Je peux la visualiser. J’ai toujours l’impression d’y être. Elle parle d’un dîner en famille. J’aime la phrase « I want you break you down ». C’est très puissant. Belles cordes, belle voix, belle orchestration. Une beauté.
{Awayland} album trailer :
Villagers sur le web :
Concerts :
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Playlist réalisée au Printemps de Bourges