Tristan Nihouarn a pris son envol en solo avec brio cette année avec son premier album « Sauf erreur de ma part ». Un artiste qui a vécu une expérience de groupe aussi riche que celle de Matmatah a forcément besoin de dévoiler un peu plus de sa vie, de ses influences et de sa personnalité. Touchons un peu du doigt ce qu’il en est via sa playlist musicale.
La playlist VIP :
- « Hey Jude » – The Beatles : Grand classique. J’ai aucun souvenir de la première fois où j’ai entendu cette chanson. Je l’ai entendue toute ma vie. Ma mère m’a appris à chanter la fin quad j’avais 4 ans. C’est vraiment viscéral. Il y a un truc dans cette chanson qui est une espèce de magie qui fait se hérisser les poils à chaque fois. Pour l’enregistrement de mon deuxième album, dans le studio en Angleterre il y avait une console qui a été utilisée par les Beatles. J’avais le disque avec moi. Donc j’avais écouté le disque à travers la console. Et j’avais l’impression qu’ils étaient à côté de moi dans le studio.
- « Heroin » – The Velvet Underground : C’est une chanson ovni. On l’a jouée déjà. Plus on la répète cette chanson, moins on la joue bien. Elle est basée sur l’émotion avec un texte dur. La première fois que je l’ai entendue j’étais complètement halluciné. Et on a décidé de la jouer. On aimait bien notre version. Et de temps on arrêtait de la faire car on commençait à trouver des automatismes. C’est une chanson à ne surtout pas répéter. Il y a une liberté totale dans cette chanson.
- « Le Poinçonneur Des Lilas » – Serge Gainsbourg : C’est un des plus beaux texte de la chanson française. C’est brillant. C’est un peu le texte parfait. ça part de pas grand chose à la base. Mais il a réussi à faire un texte avec rien qui manque. C’est un modèle du genre.
- « See Me, Feel Me » – The Who : Chanson magique aussi. On a l’impression que ça monte en permanence. c’est tout le temps les mêmes accords qui reviennent. ça induit une certaine énergie. The Who sont pas évidents à reprendre. Mais c’est le pied à chanter. On est porté par un truc. Quand on écrit une chanson on sait jamais si c’est une bonne chanson. C’est difficile à analyser. Mais celle ci fait parti des chansons assez magiques.
- « Les Loups Sont Entrés Dans Paris » – Serge Reggiani : Je la joue en ce moment. Elle reste toujours d’actualité. C’est un monument. C’est un peu une performance cette chanson. Car le texte est très long, très costaud et super moderne. Il y a même des éléments troublants… quand il parle du premier loup qui rentre dans Paris, qui n’avait qu’un oeil. Elle donne des frissons. Il y a une montée en puissance. J’ai eu la chance de voir Reggiani en concert à la fin de sa vie. Celle-ci faut la répéter. Comme tout texte bien écrit on a aucun trou de mémoire quand on la chante. ça roule.
- « Like A Rolling Stone » – Bob Dylan : Un texte fondateur du vingtième siècle. ça fait des années que j’essaye de l’apprendre. C’est un enfer. C’est aussi une chanson fleuve qui dure longtemps. Le texte est assez difficile. Je vais y arriver un jour. Mais tout en sachant qu’on ne fera jamais aussi bien que la version originale. Alors que pour certaines ont peut apporter sa touche personnelle.
- « Lithium » – Nirvana : Je me souviens très bien quand je l’ai entendue pour la première fois. J’étais au lycée. un pote est venu avec son walkman et m’a dit écoute ça. ça venait juste de sortir. C’était pas encore connu. Et là je me suis dit « Putain les années 80 sont derrière nous ». Il y a de très bonnes chansons quand même dans les années 80. Mais il y a eu un vrai problème de production. J’ai beaucoup discuté de ça avec le réalisateur de mon album, Daniel Presley. Je lui ai demandé pourquoi les années 80 ont été comme ça musicalement. Et en fait c’était à cause de la cocaïne. Dans les 70’s c’était encore une autre drogue. Donc le jour où j’ai entendu Lithium je me suis dit c’est fini ouf. Pour moi Cobain a été le meilleur mélodiste depuis Lennon et Mc Cartney.
- « America » – Simon & Garfunkel : Chanson parfaite. On a limite la larme à l’oeil. C’est un peu cette espèce de road song mais finalement l’histoire de cette chanson est un fiasco. C’est deux jeunes qui veulent voir l’amérique et qui ne vont pas plus loin que le New Jersey. C’est génial. C’est tellement attendrissant. On sent l’esprit à la Kerouak. Mais ils ne sont pas prêts à le faire.
- « Alligators 427 » – Hubert-Félix Thiéfaine : Monument. Un pavé. Chanson ultra toxique. Je n’ai pas connu la version album, uniquement la version live. Je préfère la version live. En général quand on découvre une chanson on préfère ensuite toujours la version avec laquelle on l’a découverte. c’est un sacré texte. Le son de l’intro est super. Quand j’ai fait la tournée avec lui je me lassais pas de cette chanson. Un grand texte intemporel, des arrangements de dingue.
- « La Nuit Je Mens » – Alain Bashung : C’est écrit aussi avec Jean Fauque et les Valentins. Elle m’a décomplexée. Quand je l’ai écoutée je me suis dit on a pas le droit d’écrire ça. « On m’a vu dans le Vercors sauter à l’élastique » c’est n’importe quoi. Ils ont fumé la moquette. Et avec le recul on se dit en fait c’est génial. Jean Fauque fait parti des mecs qui ont cassé les règles. Finalement on a le droit de tenter ce qu’on veut. Quand il m’a proposé le texte de « Ton chorégraphe » sur mon album, c’était un début similaire. Cette chanson est un choc. C’est d’une modernité. Le fait d’avoir bossé avec Jean Fauque j’en ai appris trop sur la manière dont été construites certaines chansons et notamment celle-ci. Je lui ai dit stop ne m’en dit pas plus.
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