Philippe, Rémi et Anne-Laure forment un trio vocal nommé Les grandes bouches.
Lorsque l’on discute avec ce trio toulousain on se rend vite compte qu’ils ont des choses à dire et qu’ils ne s’en privent pas. Un groupe engagé et ils le revendiquent. Leurs influences musicales devraient donc vous sembler évidentes… Vous pourriez être surpris.
Ils viennent de sortir un nouvel album « Le bal républicain » sur lequel a notamment collaboré Magyd Cherfi (Zebda).
Leur playlist VIP :
- Rémi : « All Blues » et « Blue In Green » – Miles Davis : L’album « Kind of blue » est un des albums qui m’a le plus ébouriffé. C’est magnifique. Et c’est ça qui a présidé à la création de notre label « Chants d’action« . On en avait un peu marre d’être racketté par des maisons de disques qui disent que le disque est mort. On a eu envie de revenir à cette conception de l’enregistrement musical qu’il y avait à cette époque. Ce disque là a été enregistré en une matinée. C’est un des disques fondateur du jazz. C’est un signal fort à toute une production de disque. Mile Davis prouve qu’il suffit d’être prêt, d’avoir des choses à dire. Une matinée ça suffit pour enregistrer. J’aurais pu citer aussi Ella Fitzerald. Bleu in green est la plus belle ballade du monde.
- Philippe : « Purple Haze » – Jimi Hendrix : Je suis le guitariste du groupe. Et il y a un morceau qui m’a vraiment marqué. Un jour j’écoutais une k7 de Woodstock et j’écoutais Santana « Ten years after ». Et ça a enchaîné avec Hendrix. Et quand il a commencé à jouer j’avais la la langue qui pendait. C’est vraiment lui qui m’a donné envie de jouer de la guitare et d’approfondir. Cette chanson a été très controversée auprès des médias.
- Anne-Laure : « La Complainte Des Filles De Joie » – Georges Brassens : Mon papa était musicien. Donc je suis tombée dans la marmite Brassens très jeune. J’aime sa poésie. Aujourd’hui on fête les 30 ans de sa mort. C’est pas mal repris. Il y a pas mal d’artistes qui le découvrent aujourd’hui et qui surfent sur la vague. C’est assez détestable quand tu connais ça depuis toujours. Brassens a écrit cette chanson pour protéger les prostituées. Elles l’ont d’ailleurs soutenu. Les gens qui découvrent Brassens maintenant vont s’apercevoir de l’immense force politique qu’il pouvait avoir. Tous les textes sont extrêmement engagés. Et d’ailleurs on en profite pour parler d’une histoire qui s’est passé sur la chanson « Hécatombe ». Un chanteur nantais et la chorale de Toulouse ont été mis en garde à vue parce qu’ils avaient repris cette chanson. Elle parle tout simplement des « cognes » qui réclament de l’argent et qui récoltent même pas un sourire. ça montre bien la jeunesse et l’actualité des textes de Brassens qui doit bien rigoler dans sa tombe. Et on se dit que des gens comme lui, Coluche auraient procès sur procès actuellement. Ils n’auraient pas le droit de parler.
- Philippe : « Minor Swing » – Django Reinhardt : C’est un morceau très accessible. Je donne des cours de guitare et je me sers de ce titre dans mes cours.
- Rémi : « A Night In Tunisia » – Double Six : En hommage à Mimi Perrin, qui vient de mourrir à 83 ans. C’est la chanteuse. C’est un groupe vocal des années 60, produit par Quincy Jones. C’est les premiers qui ont fait un travail sur le jazz vocal, avec un mélange de voix en français qui n’a jamais été égalé. Car c’est un travail de romain. Ils écrivaient des textes sur des solos de jazz.
- Anne-Laure : « A Bout De Souffle » – Claude Nougaro : C’est pas parce qu’on est de Toulouse, mais voilà un poète qui comme Django fait swinguer la langue française. Il n’y en a pas beaucoup qui arrivent à faire ça. Souvent quand tu prends les tubes en anglais et que tu les traduits en français c’est vraiment pas bon. Cette chanson est inchantable et extraordinaire de swing et de tempo.
- Philippe : « Le Déserteur » – Boris Vian : C’est une chanson très touchante. On en a fait une version avec les grandes bouches et une chorale de Paris. C’est sur le disque Sans famille.
- Rémi : Paul Fontaine : Il a eu une carrière un peu spéciale. Il est passé de la France aux USA. Il a beaucoup influencé Brassens, Robert Lamoureux. Il était pas très connu. Mais il avait une manière d’amener une certaine liberté. C’est une espèce de précurseur de précurseur. Brassens en parle très souvent, Bécaud aussi.
- Rémi : « Manifeste » – François Béranger : Comme disait Sanseverino, « Maintenant que Nougaro est mort je vais vous faire un morceau de François Béranger ». On revient sur l’importance d’écrire des choses en lien avec le monde tel qu’on le vit. Depuis quelques années on nous a fait croire qu’il valait mieux être médiocre, écrire des choses médiocres. Le côté rebelle de Delerm qui tape sur Fanny Ardant ou Bénabar. Et suite à ça il y a eu une auto censure dans la chanson française… à part quelques allumés comme les Ogres de Barback ou Sanseverino qui continuent à dire le monde. Hors la fierté d’être un artiste c’est de dire le monde tel qu’on le voit. On nous a fait croire depuis quelques temps qu’être engagé ça peut paraître ringard ou être en marge et pas nécessaire. Léo Ferré, Georges Brassens, Ferrat, sont des gens qui sont là pour dire que l’engagement n’est pas inutile, n’est pas antinomique avec la qualité musicale ou artistique. Tu prends les textes de Léo ferré, ce sont des poésies à l’état pur et qui ne restent pas autour du nombril. Donc je cite François Béranger qui est resté toujours au fond de la mine. Et cette chanson renvoie au travail qu’on a voulu faire dans notre album « Bal républicain ». Par exemple on voit une usine qui ferme à côté de chez nous et on en a fait une chanson « La molex ». On a eu envie d’aller dans ce sens là sur ce nouvel album.
« Bal républicain » :
Les grandes bouches sur le web :
Concerts :
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