Carmen Maria Vega c’est le phénomène de la scène française rock actuel. Un brin de femme avec un sacré caractère. Son album « La menteuse » sorti en 2009 reconnu par la critique lui a ouvert les portes de beaucoup de salles, jusqu’à la finale du prix Constantin fin 2010.
On a souvent parlé de son talent avec les collègues de la deezer team…
Elle est actuellement en pleine préparation de son nouvel album avec son complice de toujours aux textes : Max Lavegie.
J’ai pu la rencontrer alors qu’elle sortait de scène et en apprendre un peu plus sur ses goûts musicaux.
La playlist VIP :
- « The Great Gig In The Sky » – Pink Floyd : C’est une des chansons que j’ai découvert à 15 ans à l’école. Car mon prof de musique au lycée montait un projet de fin d’année avec 150 élèves. On reprenait les Pink Floyd. Il y avait des choeurs et des solistes. Et il voulait que je chante cette chanson. Je lui ai répondu que c’était quand même extrêmement dur. Il m’a répondu que j’en étais capable. C’est la première fois qu’on me faisait confiance. A l’époque j’avais fait qu’une petite maquette ridicule qui était mignonne. C’était une reprise de la version de Björk de « It’s oh so quiet ». Et mon prof avait entendu ça. Je voulais pas le faire. Je partais à chaque fois des répéts. Finalement je l’ai répétée que chez moi, vite fait avec les musiciens quand il y avait personne car j’étais tétanisée. ça a été la première chanson des Pink Floyd que j’ai chantée. Et ça m’a ouvert aussi à cette musique là. Je trouvais ça extraordinaire qu’un prof de lycée propose un projet pareil. Et d’ailleurs à cause de ça il s’est fait virer. C’était un peu trop original. Depuis j’ai jamais cessé d’écouter cet album là. « The dark side of the moon » a été l’album de mes 15 ans.
- « Strange Fruit » – Billy Holiday : Car mon oncle m’a contaminé au jazz vocal des chanteuses afro américaines. J’ai une préférence pour Ella Fitzerald, mais cette chanson est tellement forte. A cette époque là chanter ça. Car ça parle des esclaves et des noirs qui sont pendus. Il y a une métaphore sur les arbres qui ont des fruits qui pendent. ça a été un des premiers éveil à une différence que nous on n’a pas vraiment connu. Il y avait un racisme chez nous mais qui n’avait rien à voir. Cette chanson est magnifique. Et Billy Holiday a une tristesse dans la voix, même quand elle chante des balades douces. Tu sens que la nana est abîmée.
- « The Frim Fram Sauce » – Nat King Cole : Elle a ouvert ma passion pour les chanteurs. J’aime beaucoup les chanteuses afro américaines. Mais il y a peu de chanteurs qui m’ont touchés autant que lui. Il a cette espèce de magie. Dès qu’il sourit c’est hallucinant. Cette générosité. Il a un groove hallucinant. Dans les émissions de l’époque tu le vois au piano avec le micro sur le côté pour regarder la caméra. C’était une performance.
- « Bohemian Rhapsody » – Queen : C’est le premier opéra rock que j’ai entendu. Je ne sais pas si c’est le premier. Mais pour moi c’était du génie. Queen est devenu un truc extraordinaire. A chaque fois que j’entend cette chanson je m’en lasse pas. C’est tellement un monstre pour moi. C’est un tour de force que d’arriver à faire avaler ça à des gens qui aiment le rock et ceux qui écoutent de l’opéra. ça les mets d’accord.
- « Ma Fille » – Serge Reggiani : Elle m’a toujours énormément touchée. Lui il a une voix magnifique. Quand il chante c’est le plomb. Et celle là particulièrement quand il la chante elle est énorme. Elle est intemporelle. Autant quand on réécoute Reggiani aujourd’hui elle fait un peu vieillotte dans les arrangements, autant le texte est intemporel. C’est un père qui fait une déclaration d’amour à sa fille. Il dit je sais qu’un jour tu vas partir. Pourtant tu es toute petite. Mais je sais que tu ne m’appartiens pas. C’est ça qui est beau. C’est la première chanson d’un adulte qui ne dit pas à son enfant tu m’appartiens et je te garderai toute ma vie. Je la trouve magnifique.
- « Let’s dance » – David Bowie : C’est la première que j’ai entendue de David Bowie. Et je la tourve énorme. C’est quoi c’te voix ?! Tout est génial dans la chanson. Celle là aussi elle a traversé les années. Tu la mets en boite aujourd’hui et ça fonctionne. Même pour les minots de 15 piges ça marche.
- « Je Ne Suis Pas à Plaindre » – Akhenaton : Elle figure sur l’album « Métèque et Mat » son premier album solo. J’ai beaucoup écouté Iam quand l’école du micro d’argent est sorti. C’est un des meilleur album de rap français en terme de production, en terme de musique, de textes. C’est les premiers rappeurs intelligents. NTM c’était super aussi. Mais ça restait un peu violent. C’était agréable de voir que des parents étaient d’accord pour Iam. Dans la voiture on pouvait le mettre. Pas trop longtemps quand même. Dans cette chanson il parle d’un homme qui est handicapé et qui lui dit que c’était son rêve de venir le voir. Et un jour il est mort. ça l’a tellement touché. Quand on est artiste et qu’on sent que sa musique touche et que quelqu’un vient te dire tu as changé ma vie, c’est très bizarre. ça m’est arrivé plusieurs fois sur les mêmes chansons « Les anti dépresseurs » et « Du jaune ». Quand on te dit grâce à ça je m’en suis sorti, c’est dingue. Tu le sais quand toi il y a des choses qui t’ont touchées. Mais quand ça m’arrive je me dis « wah mon auteur est brillant ». C’est Max Lavegie qui m’accompagne sur scène à la guitare.
- « On Danse Pas » – Oxmo Puccino : C’est une chanson qui est peut être la plus légère de toute sa carrière. La musique est géniale. On danse pas mais tu n’as qu’une envie c’est de danser en l’écoutant. ça me fait trop rire d’imaginer des mecs faire ça. Arriver dans une fête et faire les gaillards qui disent « On danse pas t’as vu. Qu’est ce qu’il y a. On danse pas. De toute façon on n’était pas invité ». Elle me fait kiffer cette chanson. ET je trouve Oxmo énorme. On a eu l’occasion de faire des choses ensemble. Et il s’avère que l’image qu’on a de ce mec là est ce qu’il est dans la vie. Et c’est tellement rare des artistes qui sont ce qu’ils semblent être.
- « London Calling » – The Clash : C’est la première chanson que j’ai entendu d’eux. Pendant des années je l’ai entendue sans savoir qui c’était. J’aime bien découvrir des trucs, mais j’aime bien aussi écouter sans forcément fouiller comme une malade. J’aime bien être surprise et apprendre les choses au fur et à mesure. J’ai pas la soif du savoir pour briller en société. Et pis avec les années j’ai découvert plein d’albums. Et c’est vrai que c’est un groupe qui a marqué un tournant dans la musique. Et j’adore sa voix. Il a un accent à couper au couteau. C’est énorme. Et c’est aussi un message super fort à l’époque. Tu mets ça sur les ondes aujourd’hui je ne suis pas sûre que ça passerait. Et du coup je me rends compte de tout ce qui a été dit, diffusé. Alors qu’aujourd’hui ce serait pas possible. ça se vendrait sous le manteau ou que sur internet. Musicalement c’était parfait pour les radios mais le message waw.
- « Pitbull » – Goran Bregovic : C’est dans la BO de « Chat noir, chat blanc ». Elle me fait trop rire. J’adore la musique de l’est. Mais la vraie musique de l’est des balkans. Aujourd’hui on pense que le jazz manouche c’est la musique des balkans. Alors que non. C’est une étiquette qu’on leur a collée. C’est comme Bireli Lagrene qui fait de la guitare et qui a fait deux albums teintés de jazz manouche. Et qui n’arrive pas à s’en dépètrer.
Le clip « La menteuse » :
https://www.youtube.com/watch?v=Py-1DGP7oX8
Carmen Maria Vega sur le web :
Concerts :
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