Guillaume Ledoux, chanteur auteur compositeur de Blankass, a débuté à 12 ans dans un univers punk. Le grand public l’a ensuite connu chantant du rock. Mais sur son dernier album solo c’est la chanson française qui est à l’honneur. Rien d’étonnant lorsque l’on découvre sa playlist vip.
Cette playlist est un peu particulière car c’est la première que vous pourrez également lire dans un magazine de presse Francofans. Et c’est un artiste/homme qui compte beaucoup dans ma vie et qui a cru en ce site depuis le début. Je vous laisse la savourer…
Sa playlist VIP :
- « Behind Blue Eyes » – The Who : C’est une mélodie imparable. C’est mélancolique et tout d’un coup ça pète, tout explose, les grattes de Pete Townshend et la batterie de Keith Moon. Et puis après l’orage ça retombe. C’est un condensé de ce qu’ont fait les who. Les mélodies, la puissance, la tristesse, la frustration, la colère qui arrive au bon moment et la poésie quand même. Cette chanson est dans l’album « Who’s next » qui est un des meilleurs albums des who.
- « I want you » – Bob Dylan : Elle est éternelle. On peut entendre un harmonica et une guitare en arpège très rapide qui tournent comme une locomotive. Cette chanson est une charnière entre le Dylan jeune et le Dylan adulte. C’est plus le Dylan des années 60/70 et c’est pas encore le Dylan d’après. C’est une chanson parfaite, que j’ai vraiment envie d’écouter n’importe où. Et là encore on est dans la frustration. Il veut quelqu’un mais il ne sait pas encore si il va l’avoir. C’est une chanson très courte mais une grande chanson quand même.
- « Le générique de Amicalement votre » – John Barry : C’est un souvenir encore très présent. Je l’ai connue très jeune. Quand on était gamin avec Johan (ndlr : Johan Ledoux, guitariste de Blankass) on le regardait à la télévision. C’est une épopée, un truc qui tourne qui ne s’arrête jamais, qui nous emmène. C’est une chanson qu’on a envie de mettre dans un camion et de rouler sans cesse. C’est sans doute ce qui m’a donné envie de partir en tournée sur la route. John Barry a fait énormément de belles musiques de films. Mais ce générique est incroyable. Il est « épopesque » [rires] Je ne sais pas si c’est un mot français, mais ça va bien avec cette chanson.
- « Happy Together » – The Turtles : C’est la chanson typique des années 60. Un tube avec un refrain extrêmement joyeux, très mélodique. Le couplet est un peu mélancolique. Un chagrin d’amour adolescent. On l’a tellement entendue dans plein de pubs qu’on a oublié que c’était une belle chanson. Elle finie un peu en folie avec de la trompette. Les deux compositeurs de ce groupe ont continué leur carrière dans le groupe de Franck Zappa « The Mothers of Invention ». Même les chansons légères quand elles sont bien faites elles dénotent d’un grand talent. On peut passer d’une chanson adolescente à quelque chose de beaucoup plus technique avec Franck Zappa. C’est une belle chanson d’été.
- « London Calling » – The Clash : C’est une chanson implacable, parfaite. La plus grande chanson de rock. Joe Strummer avec sa voix éraillée. La production est incroyable. C’est l’essence du punk rock. C’est aussi un souvenir fabuleux. Quand on a fait leur 1ère partie en 1984 à Balard, en sortant de scène on s’est mis devant les barrières. Les clash sont rentrés en courant sur scène et ils ont commencé à jouer « London Calling ». C’était énorme, une vraie guerre nucléaire.
10000 personnes avaient les larmes aux yeux. J’en ai encore des frissons rien que d’y penser. - « Redemption Song » – Bob Marley : Une des rares de son répertoire qui n’est pas un reggae. C’est la dernière chanson qu’il a chantée à son dernier concert. Et je pense que des chansons comme celle ci il en aurait fait beaucoup d’autres. C’est une des plus grandes chansons de tous les temps. Elle est simple et évidente. Les paroles sont belles. La mélodie est incroyable. J’ai le souvenir d’une interview croisée avec Spider Stacy des Pogues pour le magazine Best, dans laquelle on nous demandait la plus belle chanson de tous les temps. Je me suis dit que j’allais dire « Redemption song ». Et Spider a parlé en premier et l’a citée. C’était marrant de la part d’un mec qui faisait du folk irlandais. J’ai toujours fait un parallèle entre Nirvana et Bob Marley. Ils avaient une arme absolue. C’est des chansons qu’on peut jouer dans sa chambre avec juste une guitare. Modestement on a toujours essayé de faire ça avec Blankass.
- « Fairytale Of New York » – The Pogues : On y retrouve le côté cinématographique que j’adore de la musique. Avec Johan on a toujours été inspiré par les musiques de film. Et chaque chanson pour nous est une musique de film. C’est pour ça qu’on a toujours des fins de chanson assez longue. Pour nous c’est le générique de fin. Quand j’écris je l’écoute comme un générique de film et j’écris mon scénario dessus. J’adore car c’est une chanson de Noël. Shane MacGowan est au top de sa forme, sa voix, son charisme et sa santé surtout. Il a une voix craquante. Une belle mélodie et une fin interminable. ça donne envie de tourner toute la nuit sans s’arrêter…
Y’a du piano, la voix de Shane, que demander de plus ?! - « La Chanson Du Loubard » – Renaud : Une chanson très mélancolique, très mélodieuse. Renaud a encore sa voix de jeune.
C’est pas une des plus grandes de Renaud, mais elle est typique d’une époque. « Place de ma mob » est un album très intéressant. Je crois que c’est peut-être ce que peuvent penser les jeunes en banlieue actuellement. Ils ne savent pas quoi faire et se rendent bien compte de leur situation, sans l’accepter. On sait très bien qu’on est un peu laissé pour compte. Dans l’histoire le mec vole une bécane car il a envie d’aller voir ailleurs.
La mélodie est charmante et elle définit bien tout ce que Renaud a voulu dire dans sa carrière. - « Mes Jeunes Années » – Charles Trenet : C’est l’un de mes chanteur, auteur préféré. Pour moi et pour tant d’autres dont Brassens il a inventé la chanson française actuelle… dans les années 30. C’est ça qui est incroyable. Quand il sort la chanson « Je chante » il arrive avec une chanson extrêmement moderne. ça parle d’une personne qui se ballade dans les forêts et qui fini par se pendre. Et son fantôme continue d’exister. C’était rock’n’roll. Et si à l’époque il avait été américain ce serait devenu l’un des plus grands jazz man de tous les temps. C’est un condensé de Trenet. Quand j’entends la première phrase je me vois gamin pied nu en Lozère. Il est éternel. Il a inspiré tout le monde. Brassens a commencé la chanson pour l’imiter.
- « The Ghost Of Tom Joad » – Bruce Springsteen : Elle est en arpège très calme. Springsteen nous montre qu’on peut chanter Born in the USA ou Born to run et avoir une espèce de colère contenue. C’est une chanson qui lui a été inspirée par les raisins de la colère. Tom Joad est le personnage principal. C’est magnifique. Le texte reprend presque mot pour mot le discours de Tom Joad quand il dit à sa mère « Regarde partout dans le monde, si tu vois une manifestation, si tu vois un bébé qui pleure parce qu’il a fin, si tu vois des gens qui sont pas contents, cherche moi bien maman je serai là. Si tu vois une injustice dans le monde, si tu vois des gens qui se rebellent, cherche moi bien maman tu me trouveras là. » Tout l’album est comme ça en colère retenue. C’est très gracieux. C’est un des plus grand songwriter américain, qui restera au côté de Bob Dylan ou Woody Guthrie.
Springsteen c’est un poète très fin et un grand compositeur, qui a encore envie de dire des choses. D’une générosité incroyable. Il court 3h30 sur scène. C’est la grande classe.
« A nous la liberté » Guillaume Ledoux live à Bourges :
Guillaume Ledoux sur le web :
Son site officiel
Ses peintures
Concerts :
[gigpress_shows scope=all artist=18]
Retrouvez cette playlist dans le numéro 28 de Francofans